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Byzance Du IVe Au XIe Siècle (1.)

 BYZANCE DU IVe AU XIe SIECLE (1.)

1. L'EMPIRE ROMAIN D'ORIENT ET L'EFFONDREMENT DES RAPPORTS ESCLAVAGISTES (IVe SIÈCLE—PREMIÈRE MOITIÉ DU Vile SIÈCLE) 

Naissance de l'Empire byzantin. 
Le transfert en 330 de la capitale de l'Empire romain à Constantinople signifiait la reconnais- sance officielle de la prépondérance économique et culturelle de l'Orient. Le démembrement de l'Empire à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle ne fit que consacrer politiquement un état de fait, l'émancipation des provinces orientales. La péninsule des Balkans (moins la Dalmatie et la Pannonie), l'Asie Mineure, la Mésopotamie du Nord, la Syrie, la Palestine et l'Egypte, ainsi que la Crète, Chypre, Rhodes et d'autres îles de la Méditerranée orientale constituèrent l'Empire romain d'Orient. On l'appelle généralement l'Empire byzantin ou Byzance, d'après l'antique colonie de Mégare, la ville de Byzanthium (Byzance), à l'emplacement de laquelle Constantin le Grand éleva sa nouvelle capitale avec une rapidité et un faste inouïs. Les ressortissants de l'Empire l'appelaient en grec Romaïa ou Romania, et se nommaient euxmêmes Romios, c'est-à-dire romains. 
L'Empire romain d'Occident s'effondra sous la poussée des Barbares. Mais à l'Est, la machine d'Etat ne subit pas de trans- formations radicales. Son maintien à une époque critique, qui vit la ruine du mode de production esclavagiste, eut des répercussions énormes sur le développement de tout le bassin de la Méditerranée orientale. 

Situation économique dans les provinces orientales lors du partage de l'Empire romain. 
Grande était la variété des conditions naturelles et climatiques dans les diverses provinces de l'Empire. Les régions côtières, les vallées des cours d'eau, les plaines de Thrace, de Macédoine, de Thessalie et du Péloponèse étaient couvertes de champs de blé, on y voyait pousser l'olivier, la vigne et des arbres fruitiers. Les régions, très fertiles et traditionnellement agricoles de l'Egypte, de population très dense, étaient le grenier de l'Empire.
L'Asie Mineure, aride et inhospitalière, et la brûlante Syrie
étaient renommées pour leurs pâturages. On pratiquait égale-
ment l'élevage dans les régions montagneuses des Balkans couvertes de forêts qui arrivaient presque aux portes de Constantinople.
En dépit de leur extrême diversité, les provinces orientales
avaient un trait commun qui les distinguait de l'Occident: le
moindre rôle dévolu au travail servile dans l'agriculture. Les
esclaves, certes, ne manquaient pas. Ils peinaient dans les domaines
des propriétaries fonciers, des riches citadins ou des hauts fonc-
tionnaires, parfois encore sur les terres des paysans aisés. Mais
dans la pars orientalis la production au IVe siècle était fondée sur
le travail des colons et des membres libres des communautés. Les
colons étaient en majorité fixés au sol et fournissaient des services à leurs maîtres et à l'Etat; les paysans libres étaient liés par
la caution solidaire pour le versement des impôts au fisc.
Les plus grandes villes se trouvaient dans l'Empire d'Orient.
Constantinople et Thessalonique, Ephèse et Antioche, Laodicée
et Beyrouth, Damas et Alexandrie étaient d'importants centres
d'industrie artisanale et de commerce. Les tissus de lin et de laine
de Syrie jouissaient d'une vaste renommée, ainsi que le papyrus
d'Egypte, les soieries de Beyrouth tissées avec de la soie grège
importée et les bijoux de Constantinople.
Ces villes entretenaient un commerce actif entre elles, ainsi
qu'avec les peuples de Caucasie et du littoral de la mer Noire.
De très anciennes routes maritimes et pistes empruntées par les
caravanes unissaient les villes du Levant aux pays de l'Asie
centrale, à la Chine et à l'Inde. Les commerçants d'Alexandrie
arrivaient jusqu'aux îles Britanniques à l'Ouest et à Ceylan
à l'Est. Le marché était le miroir du bienêtre d'une ville, son
cœur ; il drainait les richesses de tout le monde civilisé.
L'activité artisanale et le commerce étaient intenses dans une
pluralité de villes de moindre envergure disséminées un peu partout, surtout le long des côtes. C'étaient de véritables cités esclavagistes, des communautés dont les citoyens jouissaient de lots
de terres communales comprenant la région rurale adjacente sou-
mise à la polis. Les champs de la campagne environnante sont la
base de la ville, disait un contemporain, puisqu'ils fournissent
tous les produits indispensables aux citadins.
La population des villes était bigarrée à l'extrême. La majorité étaient des artisans, des marchands et des travailleurs salariés.
Dans les grandes villes, les dèmes étaient des associations sportives
qui organisaient les courses de chars aux hippodromes et
les jeux des cirques, et devaient veiller au maintien de l'ordre
et à l'aménagement de la ville. Les conducteurs des chars appartenaient à plusieurs groupes distingués par la couleur de leurs
livrées  (vert, bleu, etc.). Peu à peu,   les dèmes, surtout les bleus et les verts, en vinrent à jouer un rôle actif dans la vie politique. 
La plupart des esclaves de l'Empire étaient concentres dans les grandes villes. Ils travaillaient dans les ateliers impériaux et particuliers, dans les mines et les carrières et aux travaux de construction. Les esclaves domestiques emplissaient les maisons de l'élite urbaine. 
Les villes étaient administrées par les curiales. Ils devaient veiller à l'entretien des édifices publics, à l'organisation des jeux et s'occuper de la distribution gratuite de nourriture à la plèbe miséreuse. Les curiales répondaient sur leurs biens de la levée des impôts. 
L'apparition d'éléments nouveaux dans les rapports sociaux accentua le déclin des petites et moyennes cités. Elles perdaient leur base — les terres d'alentour — qui passaient aux mains des communautés et des notables.
 Les revenus des villes baissaient et les curiales se trouvèrent au bord de la ruine. 
L'Etat était intéressé à maintenir les anciens rapports sociaux, aussi pratiqua-t-il la fixation des ordres. Selon l'expression d'un contemporain, les curiales devinrent « esclaves de leurs ancêtres » ; un curiale naissait et mourait curiale. Les colons fugitifs étaient retournés à leurs parcelles. La caution solidaire restreignait la liberté de mouvement des hommes libres. 
L'émancipation des provinces orientales, plus riches, favorisa la concentration des richesses aux mains des propriétaires d'esclaves et contribua à renforcer l'Etat. La croissance des forces productives fit de la petite propriété individuelle la forme la plus rentable d'agriculture et d'artisanat. Les premiers siècles de notre ère avaient vu se développer la tendance économique visant à renforcer l'exploitation individuelle; cette tendance fit plus aisément son chemin en Orient qu'en Occident. Elle s'exprima de diverses façons: affectation en masse de pécules aux esclaves, vente de fonds avec des esclaves, développement de l'affermage héréditaire. Un certain essor économique eut lieu au IVe siècle nous avons vu que les formes de travail servile ne prédominaient pas à l'époque. C'est pourquoi la crise générale de l'économie esclavagiste ne connut pas dans l'Est l'acuité avec laquelle elle fut ressentie dans l'Ouest. La pars orientalis fit preuve d'une plus grande stabilité économique. 

L'organisation administrative de l'Empire. 
Pour assurer une rentrée régulière des impôts, l'Etat devait accroître l'appareil correspondant. Il devint courant de faire participer les troupes a leur levée. Or, une armée plus importante et un appareil bureaucratique accru nécessitaient une hausse des dépenses, donc une nouvelle augmentation des impôts, qu'il devenait de plus en plus difficile de prélever. Laîsociété esclavagiste s'empêtrait dans des contradictions: la tendance progressiste à renforcer la petite éco- nomie était réprimée artificiellement. 
L'empereur était législateur, juge et chef militaire suprême; il exerçait la dictature au nom de la classe des maîtres d'esclaves. Le principe suivant fut formulé au IIIe siècle: «Ce qui plaît à l'empereur a force de loi.» Lorsque le christianisme fut reconnu religion officielle, le pouvoir de l'empereur fut défini comme étant d'essence divine et transmis par le sacre. Toutefois il n'était pas héréditaire. L'empereur était élu par un sénat (synclitos) composé de grands dignitaires et par l'armée. L'issue du choix était parfois influencée par les dèmes, présidés par des notables constamment en butte à des rivalités. L'hippodrome disposé à proximité du palais impérial était souvent le théâtre de manifestations populaires tumultueuses. 
L'appareil administratif de l'Empire était très volumineux. Les grands magistrats concentraient entre leurs mains un pouvoir énorme. L'éparque, par exemple, qui gouvernait la capitale était investi du pouvoir judiciaire suprême dans la ville, s'occupait de son ravitaillement et contrôlait l'activité des collèges d'artisans et de commerçants. 
L'autorité civile et militaire étaient distinctes dans les provinces, c'était là une particularité importante de l'administration des provinces. Les gouverneurs et les généraux se partageaient les attributions. Au IVe siècle, les troupes levées parmi les paysans perdirent leur ancienne importance, elles furent remplacées de plus en plus par des mercenaires et des fédérés recrutés parmi les Barbares. 
Le fisc prélevait les impôts sur la population ; en premier lieu venaient les prestations en nature calculées par l'unité de terre cultivée, suivant son étendue, la qualité et le nombre de personnes occupées. L'impôt sur les terres des grands propriétaires fonciers était levé sur les esclaves fixés à des pécules, les colons et les fermiers libres. Les biens des grands étaient souvent exemptés d'impôts. 
Le système fiscal du temps avait pour particularité Yépibolê : la terre d'un colon fugitif ou d'un homme libre qui l'avait quittée était ajoutée de force aux parcelles des voisins pour leur faire payer les impôts. Une vérification de l'état des biens des contribuables était effectuée tous les 15 ans et la cote des impôts revue en conséquence. 
Les nombreuses charges à remplir au profit de l'Etat étaient aussi très lourdes: charroi des vivres dans les grandes villes, entretien des militaires et des fonctionnaires, fourniture des bêtes de trait, du fourrage, construction de routes, de ponts, de fortifications, de navires, la liste est incomplète.
Les habitants des villes payaient un impôt en espèces. Au chapitre des recettes de l'Etat figuraient encore les péages qui evaient parfois au 1/8 du prix des marchandises importées. 

Accentuation de la lutte de classes, les premiers Barbares.
 L'ampleur que prit la lutte de classes refléta les contradictions profondes qui déchiraient la société romaine de la pars orientalis. Dans le dernier tiers du IVe siècle, une insurrection éclata en Thrace, suivie dans les années 80 de troubles à Constantinople, Alexandrie et Thessalonique. Parmi la population rurale, les mouvements d'esclaves ou de colons fugitifs et de gens libres ruinés devinrent plus fréquents; les représentants de la classe dominante qui les craignaient les appelaient des << brigands ». Les hérésies théologiques, elles aussi, se multiplièrent. 
Les premières vagues de Barbares déferlèrent sur l'Empire dans le dernier quart du IVe siècle. La paysannerie ruinée resta indifférente à l'invasion des Wisigoths. De plus en plus souvent, le service militaire était remplacé par une compensation pécuniaire. Seuls les citadins étaient prêts à se défendre, craignant les pillages et une réduction du commerce. Les curiales et les simples gens haïssaient et redoutaient les Goths. Lorsque les Wisigoths eurent défait en 378 l'armée de Valens et se furent installés en Mésie, le rôle des chefs militaires barbares s'accrut à la cour et dans les provinces. 
A la fin du IVe siècle, Alaric, chef des Wisigoths, fomenta une révolte et saccagea toute la péninsule des Balkans, de^Constantinople au Péloponnèse. La révolte des Barbares fut plus dangereuse encore en Asie Mineure, où des esclaves et des colons s'étaient joints à eux. En l'an 400, les dèmes de Constantinople fermèrent les portes de la ville et massacrèrent près de 7 000 mercenaires goths. Les Goths furent finalement anéantis, au prix d'efforts infinis. Ceux qui étaient restés encore se retirèrent au-delà du Danube. L'empereur réussit à conclure un accord avec Alaric et à le diriger vers l'Occident. 

Stabilisation de l'Empire, Vedébut du VIe siècle. 
Le Ve siècle qui avait vu l'effondrement de l'Empire romain d'Occident fut le siècle de la stabilisation et du renforcement de la [dictature militaire et fiscale des maîtres d'esclaves dans l'Empire romain d'Orient, une fois jugulée la crise politique. Les Barbares firent de nouveau peser leur menace dans la première moitié du Ve siècle. Cette fois ce furent aux Huns, grossis des peuples qu'ils avaient déjà soumis, à envahir les Balkans. Ils furent suivis par les Ostrogoths et d'autres tribus germaines, après la dislocation de l'empire des Huns. Aux environs de 480, avant d'aller conquérir l'Italie, le chef des Ostrogoths, Théodoric, devint la terreur des Balkans. Toutes ces invasions furent repoussées.
Le Ve siècle fut marqué par une lutte religieuse aiguë, qui trouva le plus vif écho parmi le peuple. La doctrine officielle reconnaissait deux natures distinctes dans le Christ (humaine et divine, qui s'unissent en lui). Cette doctrine fut combattue par les nestoriens, qui ne reconnaissaient que sa nature humaine, et les monophysites, qui soulignaient, au contraire, la nature divine du « fils ». Les querelles théologiques représentaient, en partie, l'un des aspects de la lutte politique au sein de la classe dirigeante ; pour les opprimés, les hérésies étaient souvent une forme de lutte contre l'exploitation et l'arbitraire. 
Au début du VIe siècle, les autorités réprimèrent l'effervescence populaire, et les divers groupements parmi les notables arrivè- rent à un compromis provisoire. L'Église officielle renforçait ses positions et accroissait ses richesses. Le patriarche de Constantinople l'emporta sur les patriarches d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. Les évêques acquirent une énorme influence sur l'administration locale. 
L'opposition de l'ancienne noblesse sénatoriale fut brisée, elle aussi. Les curiales ruinés étaient écartés de la perception des impôts pris à ferme par les riches commerçants et usuriers des villes. L'accès de la cour leur était ouvert grâce à la vénalité des offices. Pour satisfaire les intérêts des milieux citadins, l'empereur Anastase abolit, à la fin du Ve siècle, l'impôt en espèces prélevé jusqu'alors sur les habitants des villes et le transféra sur les paysans, qui devaient encore vendre à des prix très bas des denrées alimentaires à l'Etat. 
Le gouvernement interdit aux paysans de passer sous le pa- tronage des grands, craignant de voir baisser les recettes du fisc du fait de la diminution du nombre des contribuables. Il déclara invalide la vente des terres aux grands propriétaires ; les cultiva- teurs voisins eurent la priorité d'achat. Les fermiers qui avaient exploité une terre affermée pendant plus de trente ans reçurent le droit de possession durable. Tout en essayant de mettre un frein à l'accroissement des nobiliaires, l'Etat augmenta les impôts et renforça l'appareil de coercition. 

Justinien Ier. La réaction esclavagiste. 
Forte des ressources immenses accumulées grâce à une exploitation sans merci, la classe dirigeante de l'Empire s'orienta dans la première moitié du VIe siècle vers une politique de réaction à l'intérieur et d'agression au dehors. L'empereur Justinien Ier (527-565) possédait une instruction raffinée et une puissance de travail étonnante ; entre- prenant et cruel, il était d'une obstination qui allait parfois jusqu'au fanatisme. Pénétré de l'imprescriptibilité du droit, il entreprit de réaliser un plan grandiose: il voulut raffermir le régime esclavagiste et restaurer l'empire dans ses antiques limites. Sa politique intérieure eut pour objectif principal de garantir une force de travail à bon marché aux grands domaines et aux ateliers des propriétaires d'esclaves et d'assurer des rentrées continues dans les caisses du fisc. Il édicta des lois selon lesquelles les colons devaient retourner à leurs lots de terre indépendamment de la date de leur fuite; les enfants des colons et des tenanciers libres furent eux aussi rivés à la terre. 
La codification du droit romain (Corpus Juris Civilis) entreprise sous Justinien devait donner une assise juridique à l'esclavage. La partie principale en fut le Code de Justinien, recueil de lois des empereurs romains; il y eut, en outre, le Digeste,—extraits d'œuvres de jurisconsultes — et les Institutes, qui représentent une sorte de guide à l'usage du Code. Les Nouvelles, publiées après la compilation du Code et du Digeste, renferment les constitutions ou ordonnances de l'empereur. 
En dépit de tous les changements intervenus, les lois divisaient la population de l'Empire en esclaves et gens libres. L'esclave était un « objet », tout comme dans l'Antiquité, et ne pouvait posséder de biens en propre. Sa mort sous les verges du maître n'était passible d'aucune peine pour ce dernier; la loi blâmait une trop grande cruauté, mais elle ne reconnaissait que les témoignages d'un esclave arrachés par la torture. Le statut juridique des esclaves s'étendait aux colons « car les uns comme es autres sont sous l'autorité du maître». 
Pour réaliser les projets grandioses conçus par Justinien, il fallait des ressources immenses. L'épibolê fut appliquée dans toute sa rigueur et de nouveaux impôts furent institués. La condition des citadins empira, par rapport au Ve siècle. Justinien établit des monopoles d'Etat sur le commerce des produits de première nécessité, mais comme il les donnait à ferme, la hausse des prix était inévitable. L'arbitraire des fonctionnaires florissait comme sous toute dictature qui s'appuie sur une fraction étroite de la classe dirigeante. L'intolérance religieuse devint le critère de la vertu, et l'Eglise, le principal appui du trône. Elle possédait près de 1/10 de toutes les terres exploitées du pays. Les hérétiques et les païens étaient persécutés. En 529, l'école supérieure d'Athè- nes, dernier bastion de la science et de la culture antiques, fut fermée. 
Justinien n'hésita devant aucun sacrifice pour essayer de recouvrer l'Empire romain d'Occident. En 533-534, il s'empara du royaume des Vandales en Afrique du Nord. Puis, de 535 à 555, il démantela le royaume des Ostrogoths et conquit l'Italie et la Sicile; en 554 ce fut le tour de l'Espagne sud-orientale, de la Sardaigne et de la Corse. 
Justinien s'employa avec énergie à restaurer l'esclavage sur les terres reconquises. Les esclaves et les colons furent rendus a leurs maîtres. Les provinces occidentales drainèrent un flot de fonctionnaires avides de lucre et de grands propriétaires, qui avaient fui. La population ressentit à nouveau tout le poids du joug fiscal de l'Empire romain d'Orient.

Conséquences de la politique de Justinien. 
Justinien semblait avoir atteint son but. La presque totalité du littoral méditer- ranéen était reconquise et soumise à l'Empire. Le commerce inté- rieur devint actif. La production de la soie fut mise en route. Constantinople voit s'élever des édifices somptueux. On construit la Cathédrale de Sainte-Sophie, merveille de l'architecture. Les sorties de l'empereur sont comme les apparitions d'une divinité. .Mais tout cet éclat, toute cette splendeur, qui s'étalaient, avaientété achetés au prix de trop grands sacrifices, au prix de la ruine du peuple. Un contemporain de Justinien, Procope, écrivait que le peuple fuyait en masse chez les Barbares.
 Les tentatives des propriétaires d'esclaves de restaurer les anciens usages, la hausse des impôts et les abus des fonctionnaires rencontrèrent une opposition farouche de la part des opprimés. Une puissante révolte populaire éclata en janvier 532 à Constan- tinople. Elle a reçu le nom de sédition Nika, d'après le cri de ralliement des insurgés « Nika! » (en grec, victoire). Les couches inférieures des dèmes « verts » et « bleus » s'unirent. Des pierres volèrent en direction de Justinien à l'hippodrome. La ville brûlait. Les réserves d'eau et de vivres s'épuisèrent dans le palais assiégé. L'empereur s'apprêtait à fuir par le Bosphore. Les dernières tentatives pour reprendre la situation en main furent faites sur l'insistance et l'initiative de l'impératrice Théodora. C'était une femme intelligente, audacieuse et autoritaire, qui g "était fait une réputation scandaleuse par ses aventures avant son mariage avec Justinien. On soudoya les chefs des « bleus ». Des mercenaires furent introduits secrètement à l'hippodrome rempli d'insurgés; ils tombèrent à l'improviste sur les gens désarmés et en massacrèrent près de 30 000 sur place. Les dèmes, saignés à blanc, disparurent pour longtemps de l'arène politique. 
Une insurrection eut lieu à peu près à la même époque en Palestine. En 536, des guerriers se révoltèrent en Afrique parce qu'on les dépossédait des terres héritées des Vandales qu'ils avaient vaincus. Ils résistèrent pendant près de 12 ans, sous la conduite d'un guerrier éprouvé nommé Stotzey. Seule la force des armes arrivait à maintenir la domination de l'Empire en Italie. Le mouvement des « brigands » prenait de l'ampleur dans les Balkans, se fondant avec les invasions barbares. 
Justinien fut personnellement témoin du fiasco de sa pol tique: les revenus tombèrent brusquement et les Perses coupèrent les routes commerciales vers l'Orient. L'empereur fut contraint d'annuler les arriérés et de réduire de quatre fois les contingents de l'armée.
Justinien lança toutes s os Forces vers POccidenI, découvrant les frontières orientales et balkaniques. Les Perses assaillirent la Mésopotamie et la Syrie. Ils saccagèrent Anlioeho, la perle des villes du l evant. Par trois fois l'empereur dut signer la paix avec les Perses et verser chaque l'ois des contributions énormes, avec une augmentation des tributs annuels. La situation était encore plus catastrophique dans les Balkans. Une triple ligne de fortifications érigées par Juslinien n'arrêta pas les Harbarcs. Les Slaves et les Protobulgares harcelaient Constantinoplo. 
La superstructure esclavagiste croulait. Le successeur direct de Justinien devint fou, succombant, aux soucis. Il fallut une fois de plus remettre les arriérés et même verser aux usuriers une part des dettes contractées par les habitants de la capitale. Les ordonnances réitérées interdisant aux paysans de se placer SOUS la protection de particuliers attestaient l'impuissance de la législation impériale. 
Les guerres de conquêtes avaient épuisé toutes les ressources. L'Empire ne pouvait plus retenir ni les terres conquises ni ses anciennes possessions. Lorsque les Lombards eurent conquis l'Italie du Nord et sa partie centrale, l'Empire ne conserva plus que Ravenne et sa région, le Sud de l'Italie et la Sicile. Les Wisigotfas s'emparèrent des possessions impériales en Espagne et les Perses occupèrent l'Arménie, une partie de l'Asie Mineure et la Syrie. Les Slaves et les Avares dévastaient les Balkans. Les Slaves assiégèrent à plusieurs reprises Thessalonique et pénétrè- rent dans PAttique, le Péloponnèse, les îles de la mer Egée, et même en Crète. En 626, ils participèrent avec les Perses et les Avares au siège de Constantinople. Les Slaves s'installèrent « sans crain- te » sur les terres de l'Empire, raconte un contemporain. La population rurale ne leur opposait aucune résistance. 
Presque toutes les provinces de l'Empire étaient le théâtre de soulèvements populaires. En 602, une mutinerie de soldats eut de très sérieuses conséquences pour les propriétaires d'esclaves. Des troupes envoyées au-delà du Danube contre les Slaves se révoltèrent et, avec le concours des dèmes de la capitale, placèrent le centenier Phocas sur le trône. Les persécutions auxquelles il se livra et la terreur qu'il fit régner parmi les grands dignitaires sapèrent leur pouvoir. 
Peu après, les provinces méridionales essuyèrent les assauts d'un nouvel ennemi, les Arabes, qui avaient déjà formé un Etat. Entre les années 30 et 40 du VIIe siècle, l'Empire perdit la Syrie, la Palestine, l'Egypte et plusieurs îles de la mer Egée, où la flotte arabe avait la maîtrise. 
La puissance de l'Etat esclavagiste était brisée. Le déclin de l'industrie artisanale et du commerce aux VIIe et VIIIe siècles entraîna la régression des petites villes, seules les villes plus importantes purent subsister. De nombreux domaines furent dévastés. L'économie était ruinée, le commerce végétait, l'admi- nistration était désorganisée. La fixation à la terre était devenue un anachronisme : des masses de sans-abris erraient de par l'Empire et s'installaient sur les terres ravagées par les Barbares. L'épibolê, n'étant plus réalisable, disparut pour un temps. Dès la fin du VIe siècle, les exactions fiscales furent quelque peu allégées et les monopoles odieux au peuple abolis. 
Les ressources manquaient pour entretenir l'armée de mer- cenaires. La classe dominante devait comprendre qu'il fallait tenir compte des changements réels intervenus. Il fallait renoncer à la politique de fixation des ordres, recruter les effectifs de l'armée parmi les paysans et faire fusionner le pouvoir civil et militaire dans les provinces; c'était là le seul moyen pour l'Empire de subsister dans les nouvelles conditions. 

"Histoire Du Moyen Age", Editions du Progres, Moscou, Traduit de l'edition russe 1964

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Category: General history articles | Added by: Sergo (21.11.2018)
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